« Ne pas comprendre la langue d’ici, ne pas pouvoir même la lire, sans doute est-ce là qu’est
l’étrangeté la plus intime. Et la paix. Aucune tentation de comprendre. Aucun sens à chercher.
Rien.
Il retrouve l’état d’avant l’alphabet. C’est ce qu’il a toujours cherché. Y compris en menant
ces cures qui ont occupé toute sa vie. Retrouver l’état sauvage d’avant l’alphabet. Ce moment
où la pensée sait, d’un savoir archaïque, qu’elle est du corps. Avant tout du corps. Il est en
train d’en faire l’expérience. Et il éprouve par son propre corps ce que c’est. Un état précieux.
Celui d’avant toute chose désirée. La matrice de tous les désirs, elle est là. » (p.70)

Plus loin (p.113) propos de l’art du « kintsugi »  (kin c’est l’or, Tsugi, la jointure).  :
« On ne cherche pas à cacher la réparation. Au contraire, on la recouvre de laque
d’or. On est heureux de redonner vie à ce qui était voué à l’anéantissement. On
marque l’empreinte de la brisure. On la montre. C’est la nouvelle vie qui
commence. »